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Charles de Maigny

Tombeau de Charles de Maigny (mort en 1556)
France, 1557
Original en marbre
Paris, musée du Louvre, n° inventaire MR 1729

Charles de Maigny s’est endormi dans un sommeil perpétuel. Représenté dans son armure de capitaine des gardes de la porte du roi, il semble ainsi veiller sur son souverain pour l’éternité. Au XVIe siècle, se substitue à la rigidité du gisant, une figuration plus souple du défunt sur la tombe.

Le transport mouvementé d’une statue

Charles de Maigny a été nommé capitaine des gardes de la porte du roi à partir de 1540 jusqu’à sa mort en 1556, c’est-à-dire sous François Ier, puis Henri II. Son tombeau fut commandé en 1557 par contrat entre la soeur du défunt et Pierre Bontemps. La statue était placée dans une niche de l’église des Célestins à Paris, accompagnée d’une épitaphe. Saisie à la Révolution, elle orna le musée des Monuments français et, après dissolution, elle fut attribuée au musée du Louvre en 1818. Elle constitue la seule oeuvre indépendante attestée de Bontemps, sculpteur aujourd’hui peu connu, bien qu’il soit l’auteur des bas-reliefs et des gisants du tombeau de François Ier, dans la basilique de Saint-Denis.

Une représentation mortuaire adoucie

Charles de Maigny est figuré assis et endormi, la tête nue appuyée sur la main gauche. Il est représenté avec tous les attributs de sa fonction : en armure, l’épée au côté gauche et un épieu dans la main droite, le coude gauche appuyé sur son écu. Il ne faudrait pas émettre l’hypothèse, improbable par ailleurs, d’une statue illustrant un fait : celui d’un capitaine qui se serait endormi pendant sa garde (on n’aurait pas perpétué un tel moment de faiblesse). Son sommeil est celui de la mort. Le sculpteur concilie ainsi deux éléments symboliques, un rappel de la position sociale de Maigny et une figuration que tempère sa qualité de défunt. Le capitaine semble ainsi veiller sur son roi pour l’éternité.
Son attitude est représentative de l’évolution de la statuaire funéraire à la Renaissance : on substitue à la figure traditionnelle et figée du gisant, des postures plus souples, comme le gisant accoudé (Tombeau de l’amiral Chabot, musée du Louvre) ou le priant (Le Cardinal de Birague, de Germain Pilon, musée du Louvre). Le caractère cru de la mort est atténué, adouci, traduisant sans doute une évolution des mentalités envers la mort, où perce le regret de la vie terrestre.

Bibliographie

- BEAULIEU Michèle, Description raisonnée des sculptures du musée du Louvre, t. II Renaissance française, catalogue d’exposition, musée du Louvre, Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1978, pp. 75-76.