Sous la Révolution française, un dépôt d’œuvres d’art centralisant les tableaux et les sculptures confisqués aux communautés religieuses parisiennes était installé dans l’ancien couvent des Petits-Augustins, sur la rive gauche de la Seine, face au palais du Louvre. Il est aménagé en 1795 comme musée des Monuments français, sous l’impulsion de son responsable, le peintre Alexandre Lenoir.
L’Histoire du Musée
Alors que le Louvre, devenu musée, recueillait les sculptures antiques et les tableaux français, italiens ou flamands, le musée d’Alexandre Lenoir exposait des sculptures venant de Paris et de ses environs. Chacune des salles, nommées d’après les siècles qu’elles évoquaient, du XIIIe au XVIIe siècle, présentait des œuvres isolées (statues, bustes), mais aussi des monuments funéraires recomposés à partir d’éléments disparates, pour évoquer les grands hommes de l’histoire de France. Remettant à l’honneur le passé national, en particulier le Moyen Âge et la Renaissance, le musée des Monuments français était apprécié par les Parisiens comme par les visiteurs étrangers.
L’institution et son fondateur ont toujours suscité des réactions passionnées, de la part d’admirateurs de la muséographie novatrice et spectaculaire d’Alexandre Lenoir, ou d’opposants, critiquant son manque de rigueur historique, l’absence de respect pour les tombeaux et les œuvres religieuses, ou l’inadéquation des conditions de présentation des œuvres, mises hors contexte. Pour toutes ces raisons, le musée des Monuments français a été dispersé en 1816. Les collections sont alors transportées à Saint-Denis, restituées au diocèse de Paris ou aux ayants droit, ou encore demeurent sur place, avant d’être transmises, dans la suite du XIXe siècle, à des musées comme le Louvre, Versailles ou Cluny.
L’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris occupe aujourd’hui encore les locaux alors libérés.
Le projet de reconstruction 3D des salles du Musée des Monuments français
Le projet de reconstruction 3D des salles du musée des Monuments français est né d’une rencontre entre les responsables de l’unité de modélisation de l’architecture et du patrimoine (MAP) et l’équipe du programme de recherches sur le musée des Monuments français (musée du Louvre et l’Institut national d’histoire de l’art). La salle du XVIe siècle a été choisie comme salle test, car de nombreux dessins et gravures rendent compte de son aménagement disparu ; elle comportait un nombre relativement limité d’œuvres et ces dernières sont pour la plupart accessibles dans les collections publiques de la région parisienne. Pour le laboratoire MAP-MAACC, composante de MAP, il s’agit d’un terrain d’expérimentation pour les méthodes de reconstruction 3D de scénographies. La reconstruction du volume de la salle s’est faite à partir des gravures et de mesures prises in situ à l’Ecole des Beaux-Arts. Les œuvres ont été photographiées selon un protocole précis, puis les fichiers obtenus ont été transformés en nuages de point et triangulés, avant de recevoir une texture. Dans le cas où des parties de monuments ne sont pas conservées ou pas accessibles, nous avons choisi de les évoquer par les gravures qui illustrent le musée des Monuments français.